Contre le projet de réforme du travail, l’heure est à la mobilisation du côté des syndicats. La Confédération générale du travail (CGT) a convié neuf syndicats, lundi 22 février, à discuter dès mardi dans ses locaux, à Montreuil, près de Paris, d’« actions et initiatives communes » contre un texte jugé trop favorable au patronat.
Quatre d’entre eux ont d’ores et déjà accepté : la Confédération française et démocratique du travail (CFDT), Force ouvrière (FO), l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), ainsi que la Confédération française de l’encadrement - Confédération générale des cadres (CFE-CGE).
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Cinq autres syndicats n’ont pas encore fait parvenir leur réponse : la Fédération syndicale unitaire (FSU), Solidaires, la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) et deux organisations étudiantes, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) et l’Union nationale lycéenne (UNL).
Il s’agira « d’évaluer les champs d’éventuelles actions et initiatives communes » et d’« échanger sur l’analyse de la situation sociale, économique et politique » de la France, est-il expliqué dans l’invitation envoyée aux responsables des neuf organisations et dont l’Agence France-Presse (AFP) a obtenu copie.
« Sécurisation » juridique des licenciements
La CGT, premier syndicat de France, avait annoncé dès vendredi son intention de mettre en place « une réaction forte et unitaire du monde du travail » après la divulgation du projet de loi de la ministre du travail, Myriam El Khomri. Les autres syndicats ont aussi protesté contre un texte qui fait la part trop belle, selon eux, aux revendications du patronat.
Transmis au Conseil d’Etat, le projet de loi prévoit notamment la primauté des accords d’entreprise en matière de temps de travail, la possibilité de référendum pour valider des accords minoritaires, une « sécurisation » juridique du licenciement économique pour les entreprises, des indemnités prud’homales plafonnées et un recours facilité au forfait jour dans les petites entreprises.
« Les organisations syndicales se trouvent fragilisées par une loi qui leur a été imposée. Elle est en train de nous prendre deux bras-deux jambes. Il y a un changement de paradigme fondamental », explique à l’AFP Marie-Françoise Leflon, numéro deux de la CFE-CGC, qui assistera à l’intersyndicale.
Et de poursuivre :
« Elle touche notre cœur de vie : le dialogue social, le tissu conventionnel, la convention collective, l’accord de branche… C’est notre vie, on ne peut pas rester insensibles. »
Valls : « Il y en a qui sont encore au XIXe siècle »
Cité par France TV Info, le premier ministre, Manuel Valls, a répondu ouvertement aux critiques dès mardi après-midi lors d’un déplacement en Alsace . Le chef du gouvernement a qualifié cette réforme d’« indispensable ». « Lisez-la ! », a-t-il lancé, déplorant qu’« il y [ait] beaucoup de bêtises entendues ici et là. »
S’en prenant aux syndicats, M. Valls a ajouté :
« Il y en a qui sont encore au XIXe siècle, nous [le gouvernement], nous sommes au XXI e siècle et nous savons qu’économie et progrès social vont de pair. (…) C’est un message adressé aux 3,5 millions de chômeurs de notre pays pour leur dire que nous n’acceptons pas la fatalité. Non. Tout doit être tenté, et nous ne devons jamais baisser les bras. »
Dans le premier cercle du chef du gouvernement, cette loi a également été présentée au Monde comme « un moment de vérité pour la gauche », prenant exemple sur les réformes du travail menées ces dernières années en Allemagne, en Espagne et en Italie : « Elle est la preuve que l’on veut vraiment réformer le pays, en sortant du culte du passé et en agissant pour la France et pas seulement pour la gauche. »
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Vendredi soir, le président de la République, François Hollande, avait, pour sa part, tenté de rassurer en affirmant que « les salariés français ne verr[aie]nt aucun de leurs droits remis en cause » et qu’il « [donnait] à la négociation collective la place qu’elle n’a jamais eue dans notre pays ».